Buenos Aires, correspondance
Recueillis pendant une minute de silence nationale, sur leurs lieux de travail, dans les rues, sur les places dans tout le pays, des dizaines de milliers d'Argentins ont rendu hommage, mardi, à 19 heures, à José Luis Cabezas, photographe de presse assassiné un mois auparavant. Devant les rideaux baissés des commerces, des milliers de pancartes tendues à bout de bras par les manifestants réclamaient: «N'oublions pas Cabezas». Tous les syndicats avaient appelé à un arrêt des activités des bus, trains et taxis, tandis que tous les partis politiques et des centaines d'organisations accompagnaient la marche jusqu'à la place de Mai.
Réaction unanime d'une société traumatisée dans un passé récent par la violence d'Etat et bouleversée par l'horreur du crime, dont les auteurs restent inconnus. Le 25 janvier, dans la station balnéaire de Pinamar, José Luis Cabezas a été enlevé, tué d'une balle dans la tête et brûlé dans sa voiture, menottes aux poignets. Le terrorisme d'Etat des années 70 n'agissait pas autrement. De plus, le photographe a été séquestré dans le quartier étroitement surveillé des résidences d'été du président de la Chambre des députés et du gouverneur de la province de Buenos Aires, Eduardo Duhalde.
S'agissait-il d'un avertissement à la revue Noticias pour laquelle travaillait José Luis Cabezas? Le photographe avait participé à plusieurs enquêtes sur la police, impliquée dans de multiples vols et trafics de drogue. Un article récent, intitulé