Istanbul
de notre correspondant Jusqu'à hier soir, comme depuis un mois, à 21h00 tapante, les lumières se sont éteintes pendant une minute dans des centaines de milliers d'appartements à Istanbul, comme à Ankara ou Izmir mais également dans l'ensemble du sud-est anatolien où perdure la «sale guerre» contre les rebelles kurdes turcs du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) qui a déjà fait plus de 20 000 morts en une décennie. Ce mouvement de protestation civique sans précédent en Turquie veut dénoncer «l'Etat des Bandes», c'est à dire l'imbrication entre mafia de la drogue, extrême droite, forces de sécurité et classe politique telle qu'elle est apparue depuis trois mois après «l'affaire de Susurluk». Dans un même véhicule accidenté voyageaient un grand parrain de la mafia lié à l'extrême droite et aux services secrets, un haut fonctionnaire de police et un député du DYP (Parti de la juste voie) de Tansu Ciller, partenaire gouvernemental des islamistes du Refah. Fruit d'une initiative civile, composée en majorité des intellectuels de gauche, des journalistes et des représentants des centrales ouvrières et ceux des organisations professionnelles, cette campagne mensuelle baptisée «Une minute d'obscurité pour la clarté permanente» a gagné une popularité inattendue. Commencé le 1er février, le mouvement a même gagné les quartiers chics d'Istanbul où les gens devant leurs fenêtres, ont applaudi, sonné des cloches voire lancé des mots d'ordre comme «Vive la démocratie!» et «A