Menu
Libération

Bosnie: à chacun son printemps. Malgré la paix, les scènes d'exil continuent: les trois pouvoirs défendent la partition.

Article réservé aux abonnés
publié le 7 mars 1997 à 23h41

Sarajevo, Bugojno, envoyé spécial

Un cadavre est gaffé dans les eaux sales du lac Noir, près de Bihac, au début février. L'autopsie révèle l'identité d'un Serbe, communauté expatriée dans cette région musulmane. Natif de Bihac, où il endurait le siège avec la population musulmane, Cvijan Radic rejoignit sa famille à Banja Luka au lendemain de la paix. Puis, aux premiers jours du mois dernier, des papiers tamponnés par la mairie de Bihac en main, il réintégra son appartement de Bihac. Trois jours plus tard, deux hommes l'emmènent de nuit. Aucune enquête n'élucide ce crime. Quel qu'en soit le motif, l'assassinat du premier Serbe autochtone de retour effraiera pour des lustres tous les Serbes de cette région de Bihac partis en exil.

Attentats au nom d'Allah. Un mois plus tard, Hussein boit sa bière au Piko, un bistrot de Zavidovici, sans se soucier du ramadan. Deux barbus l'interpellent et le tabassent en citant le Coran. Un peu plus tôt, une grenade avait déjà endommagé ce bistrot. Une semaine plus tard, une autre grenade explose, cette fois sur le palier de l'appartement d'Enes Saletovic, patron de l'entreprise Mikroteh, qui sous-traite de maigriots contrats pour des entreprises occidentales. Dans un pays où la rumeur est la spécialité nationale, ces attentats au nom d'Allah alimentent les psychoses. Cette criminalité, non prolifique, mais d'autant plus ambiguë qu'elle n'inspire pas la police, suscite une campagne de presse. «Horreur en province» en couverture du mensuel Dani.