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Libération
Analyse

Erbakan coincé entre l'armée et les radicaux turcs. Malgré la pression de son parti, le Premier ministre islamiste a dû céder aux militaires sur la laïcité.

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publié le 7 mars 1997 à 23h42

Istanbul intérim

Necmettin Erbakan, le Premier ministre turc, alterne l'attaque frontale et l'esquive face à un adversaire plus fort que lui: l'armée. Après avoir résisté six jours au Conseil national de sécurité, il s'est finalement incliné en signant hier les 22 «recommandations» des militaires visant à lutter contre la subversion islamiste. Comme il avait déjà dû parapher deux fois depuis qu'il est Premier ministre l'expulsion de plus d'une centaine d'officiers et de sous-officiers accusés de propagande islamiste. Il n'en renonce pas pour autant à dénoncer cette immixtion des militaires dans un jeu politique qu'ils contrôlent totalement depuis neuf mois. «Le gouvernement n'est responsable que devant le Parlement, et n'a pas de comptes à rendre au Conseil national de sécurité, qui n'est qu'une instance consultative», arguë-t-il. C'est pourquoi il a entrepris de soumettre les «suggestions» des généraux à l'Assemblée, où il conserve une majorité étroite grâce au soutien de plus en plus fragile du parti de la Juste Voie de Tansu Ciller. Deux lois clés. «C'est une manoeuvre purement dilatoire», rétorque un député de gauche, puisqu'un vote parlementaire n'est pas obligatoire et ne changerait rien, quel que soit son résultat. D'autant que sur les 22 points de ce protocole de gouvernement issu de la dernière réunion du Conseil de sécurité, «20 sont des mesures purement exécutives, c'est-à-dire qu'elles consistent à appliquer des lois existantes mais tombées en désuétude». Seules