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Libération

Des mercenaires dans la jungle de Bougainville. La Papouasie-Nouvelle-Guinée veut éliminer les rebelles de l'île.

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publié le 11 mars 1997 à 23h30

Sydney, correspondance

Des militaires et des missionnaires, le Pacifique Sud en avait déjà une longue habitude. Mais des mercenaires, venus d'Afrique, pour régler un conflit au fond d'une jungle océanienne, voilà de quoi provoquer quelques émois ­ surtout en Australie ­ dans cet hémisphère. C'est le Premier ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, sir Julius Chan, qui les a appelés à la rescousse pour éliminer des rebelles qui, depuis 1989, font la loi sur l'île de Bougainville.

Ancrée entre la Grande Terre de la Papouasie et les îles Salomon, Bougainville possède un coeur de métal qui, durant dix-sept ans, a fait battre l'économie du pays. Panguna, une des plus grandes mines de cuivre à ciel ouvert au monde, fournissait 45% des exportations et 17% des revenus du gouvernement de Port-Moresby. Elle alimentait aussi la rancoeur des habitants de l'île qui furent certes indemnisés pour la perte de leurs terres mais pas suffisamment pour supporter le mépris de ceux qui s'installèrent: les ingénieurs et les ouvriers australiens ainsi que la main d'oeuvre papoue venue de l'île principale et qui se moque des gens de cette province isolée dont la peau est «as belong sospan», aussi noire que le cul d'une marmite, dit-on en pidjin. Déjà, plus de dix ans avant l'indépendance de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (accordée par l'Australie en 1975), une délégation de Bougainville avait demandé à l'ONU que le mandat australien soit transféré aux Etats-Unis pour que l'île se détache du reste du p