Addis-Abeba, correspondance
Depuis son renversement par la junte militaro-islamiste en juin 1989, Sadek el-Mahdi a mené de l'intérieur une résistance qu'il a qualifiée de «djihad civil». Ce combat n'a pas empêché les autorités de le jeter huit fois en prison. Après son évasion de Khartoum, le 11 décembre, (Libération du 25 décembre 1996), il s'est rallié aux thèses de la NDA en prônant l'action armée. Petit-fils du célèbre «Mahdi», héros de la révolte de 1880 contre les Britanniques, Sadek el-Mahdi a été Premier ministre jusqu'au putsch de 1989. Epris de démocratie, il est tout l'opposé de son beau-frère et éminence grise du régime, Hassan al-Tourabi, qui se veut le gourou de l'internationale intégriste. Pour ce diplômé d'Oxford, l'islam soudanais, d'obédience soufie, est incompatible avec l'islamisme de confréries égyptien ou l'islamisme khomeyniste iranien. Interview.
Après votre sortie du Soudan, vous avez déclaré abandonner le «djihad civil» pour le «djihad militaire»; ce mot ne risque-t-il pas d'effrayer John Garang, votre principal partenaire chrétien au sein de l'Alliance?
Au lendemain du putsch de 1989, j'ai appelé le peuple soudanais à un «djihad civil», c'est-à-dire à une résistance sans violence. Quant aux actions menées par l'opposition armée depuis le 12 janvier, il s'agit d'un effort, «majhud», et non pas d'un «djihad». Dans cette nouvelle action, la politique est mise au service de l'action armée; le mot djihad a certes une connotation religieuse; le régime s'en