La Paz, envoyé spécial
Bolivar en rêva, mais il dut déchanter. Plus d'un demi-siècle et demi après le geste des Libertador, quatre pays du continent sont passés à l'acte: en signant, en 1991, le traité d'Asuncion, qui a jeté les bases du Mercosur (Marché commun du cône Sud), le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay ont redonné vie à l'unité latino-américaine. Certes, il ne s'agit encore que d'une union douanière, admettant quelques exceptions tarifaires jusqu'à l'an 2 000, et ne taxant uniformément que 85% des produits importés par le nouvel espace économique. Mais le mouvement est lancé: depuis le 1er janvier 1995, la libre circulation des marchandises est la règle, et plusieurs accords complémentaires, en matière d'investissements ou d'échanges culturels, sont en voie d'application.
Les résultats ne se sont pas fait attendre. Dans ce grand marché de 200 millions d'habitants, où le PIB régional atteint 800 milliards de dollars, les échanges entre les quatre pays ont pratiquement triplé entre 1991 et 1996. L'attraction exercée par le Mercosur est telle que le Chili et la Bolivie s'y sont associés l'an dernier. Cette union dite à 4 plus 2 a son siège administratif à Montevideo. Autre succès à son actif: la signature, en décembre 1995, d'un accord avec l'Union européenne, qui prévoit la libéralisation du commerce entre les deux blocs d'ici à dix ans.
Au début du siècle, Boliviens et Paraguayens s'étripèrent pour la possession du Chaco, une région riche en pétrole, alors