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Libération

Dans Goma «libéré», la rébellion impose sa loi.Après avoir supprimé le «système Mobutu», les rebelles tentent d'inculquer leur idéologie révolutionnaire à la population d'une ville à genoux et ruinée.

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publié le 15 mars 1997 à 23h16

Goma, envoyée spéciale

Quand il se lève le matin, «c'est déjà tard». Il se met en quête d'un dollar, et parfois en trouve deux, «les jours de bonne fortune». L'après-midi, il dort, puis cherche les garçons de Goma, ville de l'est du Zaïre, avec lesquels il boira son dollar. «Pour passer l'ennui», Ferdinand, ingénieur diplômé, a pensé rejoindre les forces insurgées qui ont conquis cette région du Kivu depuis maintenant quatre mois, et continuent leur avancée vers l'ouest, à 700 km de là. «Beaucoup de mes amis se sont engagés, pensant qu'ils toucheraient peut- être un petit quelque chose au bout. Moi, je me suis finalement ressaisi. On peut quand même mourir là dedans.» Il pousse un long soupir. «Quand je pense que toute l'Afrique nous regarde d'un air ébahi, en pensant que c'est la révolution ici. On défie vaillamment le grand tyran Mobutu. En fait, moi j'ai un peu faim et un peu peur.»

Paradoxalement, en supprimant le «système Mobutu», mélange de combines et de corruption où vivait le pays depuis des années, l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo a mis la ville sur la paille, avec un taux de plus de 80% de chômeurs, selon les estimations de la chambre de commerce locale. C'est dans cette ville à genoux, que la rébellion a tenté de mettre en place ses premières structures civiles. «Parmi nos premiers objectifs, se trouvent l'idéologie et la propagande, explique Eugène Rwizira, coordinateur dans ce domaine. Nous organisons des séminaires pour expliquer