Kinshasa envoyé spécial
La chute de Kisangani scelle la fin du régime Mobutu et constitue le dernier échec en date de la politique africaine de la France. Trente et un ans après sa prise de pouvoir par les armes, à l'époque pour en finir avec une rébellion à laquelle participait, déjà, Laurent Kabila, le maréchal-président est rattrapé par l'histoire, dépassé définitivement. Quand bien même il ne serait pas atteint d'un cancer, réduit à la quarantaine d'une «convalescence» dans le sud de la France, sa dictature aurait fait plus que son temps. Pour n'avoir pas voulu le comprendre, pour s'être obstiné à croire que rien ne pouvait se faire au Zaïre «contre» ou, du moins, «sans» Mobutu, Paris paie le prix fort d'une alliance compromettante. Longtemps, pourtant, Mobutu a été surtout l'«homme des Américains». Mais ceux-ci, ayant changé de camp à temps, ajoutent aujourd'hui à leur victoire la bonne posture du donneur de leçons.
Passe-droits. Moralement indéfendable, Mobutu a été politiquement très utile à l'Occident. Plaque tournante au coeur du continent, le pays du maréchal-président, entouré de neuf voisins, a servi à préparer l'assassinat de Marien Ngouabi au Congo ou à alimenter le maquis «anticommuniste» en Angola. Il est militairement intervenu, sur commande, au Rwanda et au Tchad. La liste est loin d'être exhaustive" Sans parler des profits tirés de ses fabuleuses richesses minières, d'une gabegie dispendieuse qui, longtemps, fit beaucoup d'heureux. Le «monde libre» a payé d