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Libération

Un Indien au sommet à La Paz. Un vice-président indigène, une première en Amérique latine.

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publié le 17 mars 1997 à 23h12

La Paz, envoyé spécial

Les Boliviens les surnomment plaisamment «le Gringo et l'Indien». Si le président de la République, Gonzalo Sanchez de Losada, dit «Goni», homme d'affaires ayant longtemps vécu aux Etats-Unis, parle l'espagnol avec une pointe d'accent yankee, le vice-président Victor-Hugo Cardenas est aymara, et le premier indigène en Amérique latine à occuper une charge aussi élevée. Dans un pays traditionnellement secoué par les convulsions sociales et politiques, cet homme de 45 ans, qu'amis et adversaires s'accordent à trouver intelligent et cultivé, tranche par sa sérénité et sa capacité d'écoute.

Vieux rebelle indigène. Son ascension commence sur les rives du lac Titicaca, où la vie des agriculteurs est aussi rude que les paysages sont splendides. Le père Cardenas, qui veut sortir son fils de la pauvreté, lui ordonne la lecture de deux livres par semaine à la lueur d'une lampe à kérosène. L'exercice le conduit à l'université de La Paz, où guévaristes et trotskistes tiennent alors le haut des amphithéâtres. Mais l'étudiant Cardenas ne se laisse pas séduire. Il adhère, au contraire, à une doctrine en formation, le katarisme, qui doit son nom à un vieux rebelle indigène, Tupac Katari. Il se réclame «du meilleur de la tradition libérale, combiné aux meilleurs traditions de nos peuples indigènes».

Le futur vice-président fait ses classes dans le mouvement syndical des paysans indigènes. Plusieurs fois arrêté, torturé, contraint à mener une vie clandestine par les milita