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Libération

Ambiance fin de règne à Kinshasa. Rackets, pillages: la capitale a peur face à l'avance des rebelles.

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publié le 18 mars 1997 à 23h08

Kinshasa, envoyé spécial.

Femme, enfants et grands-parents, toute sa famille est entassée au fond de la Jeep aux vitres fumées, alors que le général hurle à la radio qui le relie au «camp». Le sien, en l'occurrence le camp Tshathi de la Division spéciale présidentielle (DSP), qui, «au sujet de l'action à entreprendre ce soir», s'oppose à la Garde civile. «Si eux, ils vous disent qu'ils vont sortir et casser la ville, il faut leur répondre qu'on va leur rentrer dedans, que nous, on n'a pas peur de mourir, mais qu'on va tous crever ensemble!» Grésillements, attente sur le bord de la route. «Ça va, reprend finalement la voix à l'autre bout, ils proposent une nouvelle réunion, à minuit.» Le général, soulagé, redémarre. «Je les dépose», lâche-t-il en direction des visages apeurés entre sacs plastique et bagages encombrants. «Ils ne sont plus en sécurité à Binza», le quartier huppé de la nomenklatura kinoise, périmètre de villas splendides en haut d'une colline.

Guerre des étoiles. Depuis la chute de la troisième ville du pays, Kisangani, dans la nuit de vendredi, la capitale zaïroise vit une version exacerbée de la «guerre des étoiles». C'est ainsi qu'on surnomme ici les affrontements entre généraux, les rivalités au sein de la caste militaire du régime, strate suprême. Quoique en grande majorité originaires de la province septentrionale de l'équateur, celle du maréchal-Président, ils se vouent des rancunes tenaces, jusqu'à la haine: entre «généraux d'ordonnance» et ceux qui, com