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Libération

Jacques Foccart laisse un bout d'Afrique orphelineL'ancien patron du SAC, père fondateur des réseaux africains, est mort hier à Paris, à 83 ans.

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publié le 20 mars 1997 à 22h58

Dans sa «case à fétiches», sous les combles de son manoir de

Luzarches, au nord de Paris, Jacques Foccart, vivait depuis plusieurs années de souvenirs. Diminué par la maladie de Parkinson, il y contemplait les insignes et honneurs de la Libération, les lettres manuscrites des présidents gaullistes qui lui étaient adressées, des bibelots recelant des histoires qu'il se gardait bien de partager, et des masques africains effrayants. En regardant par la fenêtre de sa villa Charlotte, il pouvait se remémorer les noms des enfants de tel ou tel chef d'Etat africain, venus chercher des oeufs de Pâques sous les buissons de son parc, ou du jour où «l'imbécile Bokassa», tirant au pistolet, avait fait mouche sur la résidence du voisin" Tout ce que le continent noir compte de pères d'indépendance, de Senghor à Houphouët-Boigny en passant par Ahmedou Ahidjo, Hamani Diori ou Modibo Keita, à la seule exception du Guinéen Sékou Touré (l'homme du «non» à la France), étaient passés ici pour le rencontrer. Le regard perdu dans le lointain, silencieux, Foccart aimait à réécouter leurs confessions.

Mais ce n'est pas seulement cet homme que l'on a trouvé mort hier matin, paisiblement éteint à 83 ans dans le lit de son appartement parisien, rue de Prony. Jusqu'à la fin, Jacques Foccart, le fidèle des fidèles du général de Gaulle, l'indéfectible compagnon dans la traversée du désert, puis l'inamovible secrétaire général de l'Elysée chargé, dans un étrange cumul, des Affaires africaines, des questions