Pacifique-Sud, de notre correspondante.
Pour leur première apparition dans le Pacifique-Sud, les mercenaires, venus d'Afrique, n'auront fait qu'un rapide tour de piste. Les hommes d'Executive Outcomes et de Sandline International, deux sociétés qui fournissent aux gouvernements en difficulté «des consultants militaires hautement spécialisés», ont quitté hier matin la capitale de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Sous le regard des caméras et les sifflets de la foule. Une quarantaine d'entre eux avaient été engagés, en février, par le gouvernement de Port-Moresby pour éliminer la rébellion de l'île de Bougainville où, depuis 1989, une armée révolutionnaire réclame l'indépendance (voir Libération du 11 mars 1997). Mais, comble de l'ironie, les mercenaires se sont retrouvés «prisonniers» des soldats papous qu'ils étaient venus entraîner.
C'est le général Jerry Singirok, commandant des forces armées, qui lundi a mis le feu aux poudres. Dans une longue allocution, diffusée en direct à la radio, il dénonçait le contrat passé avec les mercenaires, fustigeait la corruption du gouvernement, et réclamait la tête du Premier ministre, Julius Chan. Quelques heures plus tard, le général Singirok était démis de ses fonctions. Le lendemain, des manifestations en sa faveur tournaient rapidement à l'émeute et au pillage. Ce n'est pas que les habitants soient particulièrement allergiques aux mercenaires mais toute occasion est bonne à prendre quand il s'agit de casser quelques magasins. Port-Moresb