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Libération

Armes au pied, L'Albanie digère ses pillages. A Korça, des banques et des entrepôts vides et la loi du silence.

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publié le 25 mars 1997 à 22h44

Korça envoyé spécial

Qu'il y ait eu des émeutes et des pillages en Albanie, nul ne le conteste. Chaque bourg, chaque village, en porte les fraîches cicatrices. Mais des pillards ou des émeutiers, on n'en trouve pas la queue d'un. Partout règne la loi du silence. Tous ces bons citoyens, stoïquement attablés à la terrasse des cafés, assurent n'avoir veillé que sur leur bien sans la moindre intention de s'approprier celui d'autrui. Ainsi, cet entrepôt vidé, ce magasin éventré auront été la proie «des pauvres», toujours anonymes, ou de ces «bandits» unanimement dénoncés. Fimas, comme ses camarades de farniente, reconnaît juste avoir été «chercher des fusils à la caserne». Dans un souci «d'autodéfense». Ce ferronnier de 45 ans jure qu'il n'a pas quitté sa boutique durant «les trois jours de folie» qui ont ravagé le coeur de Korça, au sud-est du pays. «J'ai protégé mon commerce contre les gens qui voulaient me le prendre. Comme j'avais des armes, tout s'est bien passé.»

«Psychose». Craintifs et suspicieux, les habitants de Korça répugnent à se livrer. Voire même à raconter. Alors, pas question d'avouer. «Notre ville est une ville bien, avec des gens bien, assure Xhouvi Bino, président de l'Association des anciens élèves du lycée français. Ces émeutes ont été une véritable surprise. Personne ne pensait à se soulever. Mais on a vu les autres villes s'enflammer, s'armer. Cela a provoqué une psychose de masse. La peur s'est répandue comme une épidémie. D'autant que l'armée et la polic