Kinshasa envoyée spéciale
On l'a emprisonnée, on a emprisonné ses enfants, on lui a offert des maisons en Afrique du Sud et même proposé d'entrer au gouvernement. Thérèse Pakasa n'a jamais cédé. Sa douloureuse éviction du PALU, le seul parti lumumbiste à pouvoir prétendre à un pourcentage décent d'intentions de vote, n'a jamais entamé la détermination de cette opposante de 60 ans. Il y a dix ans, au plus fort de la dictature, elle organisait une manifestation en plein centre de Kinshasa: quatre femmes défilant et clamant «Mobutu doit partir.» Du jamais vu. Mue par quelques idées simples, le dégoût de la corruption, le souci de l'avenir des enfants de ce pays, elle va faire un gros travail de militante pour le compte d'Antoine Gizenga, alors en exil à Brazzaville. Le leader du PALU l'évincera en 1994. L'année suivante, elle crée son propre parti, le PALU progressiste.
600 partis. Thérèse est un cas particulier, une figure emblématique de l'opposition zaïroise. Antoine Gizenga est un homme politique qui lutte pour exister dans l'arène qui a succédé au parti unique. Depuis 1990, près de 600 partis ont été créés. Certains sont représentés par un seul homme, d'autres n'existent plus. D'autres encore sont les satellites des quatre ou cinq formations connues. «Il n'y a pas de clivage droite-gauche, dit Francesca Bomboko, de l'institut de sondage Berci. Il y avait le marais du Parti unique, puis, en 1991, des gens qui se sont mis à parler au nom du peuple.» Cette année-là voit l'ouv