Kinshasa envoyée spéciale
Le maréchal Mobutu aura attendu toute la journée, mais, hier soir, le chef de l'Etat zaïrois a signé l'ordonnance qui a consacré le principal leader de l'opposition, Etienne Tshisekedi, chef d'un gouvernement qui a pour mission de ramener la paix et de conduire le Zaïre aux urnes. Après d'interminables tractations, Tshisekedi avait été désigné par sa famille politique pour succéder à Kengo Wa Dondo, destitué par le Parlement de transition (HCR-Pt).
Tout s'est débloqué mardi soir lorsque son rival au sein de son propre parti, l'UDPS, a annoncé la nouvelle. Le pays est en guerre, a dit en substance Frédéric Kibasa pour expliquer cette trêve de circonstance et la mise en avant de Tshisekedi. Hier, même les derniers ennemis politiques de ce dernier, la fraction soutenant Kengo, semblaient s'être ralliés à son nom. La famille de la mouvance présidentielle avait elle aussi «pris acte» de la décision de l'opposition. Kinshasa a accueilli la nouvelle avec circonspection. Traditionnellement favorable à Tshisekedi, les groupes de Zaïrois qui se réunissent dès 6 heures du matin dans les quartiers pour discuter politique parlent de «cadeau empoisonné». «On veut d'abord le départ de Mobutu», dit Jean-Pierre qui se présente comme «un simple débrouillard». Un autre dit qu'il a peur que le chef de l'Etat oppose Tshisekedi à Kabila, le chef de l'Alliance, qui mène la guerre à l'est du pays. «Mais non, crient les autres, Kabila est notre allié. Et, s'il utilise la forc