Rome de notre correspondant
A cinq jours de son engagement dans la périlleuse mission de paix en terre albanaise, l'Italie se déchire et s'enlise. Appelée pour la première fois à prouver sa capacité de coordonner une opération internationale d'envergure de quelque 6 000 soldats, elle tangue là où un autre pays aurait eu un sursaut d'orgueil et d'unité nationale. Le Premier ministre Romano Prodi, en ouvrant le débat devant le Sénat, a affirmé que l'Italie serait «déshonorée» si elle ne pouvait assurer cette mission à cause de dissensions politiciennes: «Il y a un moment où un pays doit mettre de côté les polémiques pour assumer sous les yeux de la communauté internationale les responsabilités qui lui incombent». Mais beaucoup se demandent déjà si le gouvernement de centre-gauche du «professore» n'est pas arrivé à la fin de son parcours. La majorité en effet a volé en éclats: les membres de Refondation communiste, qui représentent à la Chambre des députés l'appoint indispensable de la coalition de centre-gauche, ne veulent même pas entendre parler d'engagement italien. La gauche «qui ne veut pas aller à la guerre» votera donc contre le gouvernement, même si la question de confiance devait être posée. Si le Parlement donnera finalement son feu vert aujourd'hui, ce sera donc grâce aux voix de l'opposition. On trouvera une solution qui permette à chacun de sauver la face. Mais partir pour Tirana grâce à Silvio Berlusconi et à ses amis, ce n'est pas une franche réussite pour des