La crise au Zaïre est entrée dans son stade ultime où, à l'intérieur
comme à l'extérieur du pays, chacun des protagonistes retrouve sa vérité. C'est le cas du maréchal Mobutu qui, en décrétant l'état d'urgence et en mettant en place une administration militaire dans la moitié du Zaïre qu'il contrôle, s'avoue pleinement dictateur, désormais sans fausses apparences de démocratisation. C'est vrai, aussi, pour Etienne Tshisekedi, l'opposant historique qui, en bout de course de sa contestation intérieure par des moyens pacifiques, trébuche pour la troisième fois sur les marches du pouvoir. C'est vrai, enfin, pour Laurent-Désiré Kabila, plus que jamais chef rebelle, vainqueur par les armes et «libérateur» aux yeux de la population, mais redevable de l'aide militaire que l'Ouganda et le Rwanda lui ont fournie. Enfin, nouvelle puissance régionale incontestée, au détriment des anciens pouvoirs coloniaux en Afrique centrale, les Etats-Unis viennent de jeter le masque. «Le statu quo au Zaïre est intenable», a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, pour qui «Mobutu est une créature du passé». Une évidence à laquelle on se rend aussi à Paris où, en guise de repositionnement tardif, le Quai d'Orsay a rappelé que «la France entretient des relations avec des Etats et non pas avec des dirigeants ou des régimes».
Mobutu est fini et quittera le pouvoir comme il y est arrivé: en chef militaire qui, proclamant la nation en danger, fait litière des institutions. C'est ainsi qu'il prit le po