Kinshasa envoyée spéciale
Drôle d'état d'urgence. Le général Likulia Bolongo, le Premier ministre imposé par Mobutu, prend le temps de consulter les ambassades et la classe politique pour former un gouvernement qui ne comprend que 2 généraux. Devant les kiosques à journaux, les «parlementaires debouts», commentent comme à l'habitude les derniers événements. Les forces de l'ordre sont discrètes, et on ne parle plus de couvre-feu. «Nous avons tant espérer et rien ne se passe», dit Blanchard, «combattant de l'UDPS», le parti d'Etienne Tshisekedi. Limogé par le chef de l'Etat, le jour-même où il comptait investir la Primature, l'ex-Premier ministre a tenu comme tous les jeudis un Conseil des ministres parallèle dans son jardin. Ses partisans y voient le symbole déprimant d'un retour à la case départ. «On est mal à l'aise, dit un étudiant, on attend le mot d'ordre de Papa Etienne.» Les premières instructions circulent de bouche à oreille, elles se limitent pour le moment à une forme de résistance passive. «Nous n'utiliserons plus le mot Zaïre mais Congo-Kinshasa, dit le docteur Mpudu Dibwe, président intérimaire de l'Usor, la famille des parlementaires fidèles à Tshisekedi, et nous ne siègerons plus au HCR-Pt, le parlement de transition.» La menace a quelque chose de pathétique: ils sont une soixantaine, sur plus de 700. Les Tshisekedistes appellent aussi à la «belgradisation» du pays: «Nous allons organiser des actions de rue, des marches, des journées ville morte.» D'autres parl