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Libération

Droits de l'homme: le temps du recul a l'Onu. Au nom d'intérêts commerciaux, les violations ne sont plus condamnées.

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publié le 15 avril 1997 à 0h04

Genève, de notre correspondant

L'Europe se montre à nouveau incapable de formuler une politique extérieure commune. C'est la conclusion qui s'impose alors qu'aujourd'hui, le Danemark affronte la Chine sur les droits de l'homme. Les Etats-Unis et treize autres pays, dont neuf de l'Union européenne, ont apporté leur soutien au texte danois. Au nom d'intérêts commerciaux, masqués par l'alibi d'un «dialogue critique» avec Pékin, la France a mis son veto à tout projet de résolution de l'UE visant à condamner la Chine, quitte à faire exploser le consensus européen qui existait depuis la répression sanglante du Printemps de Pékin en 1989. L'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Grèce ­ mais aussi l'Australie et le Canada ­ ont emboîté le pas de la France, appâtés eux aussi par les énormes débouchés du marché chinois. Hans van Mierlo, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, dont le pays dirige la présidence tournante de l'Union européenne, n'avait plus qu'à tirer le constat de l'échec de l'UE à défendre les principes de base sur lesquels reposent les démocraties occidentales: «C'est un grave revers dans la perspective d'une politique étrangère commune», constate-t-il. Pékin devrait même réussir à court-circuiter le vote par un artifice de procédure, avec, semble-t-il, le soutien de la France.

L'UE divisée. Face à cet échec, c'est non seulement la division de l'Union européenne qui s'étale au grand jour, mais aussi la crédibilité de la Commission des droits de l'homme des Nat