Kinshasa, envoyée spéciale
Des enfants tapent dans un ballon au milieu d'une avenue déserte. Deux pneus brûlent à un carrefour. La garde civile disperse une trentaine de jeunes en tirant en l'air. Dans les quartiers «rouges» proches de l'aéroport, des gens marchent désoeuvrés le long des rues, les vendeuses de pain errent à la recherche d'un client. Les rideaux de fer ont été baissés, les voitures sont restées au garage, les transports publics n'ont pas fonctionné. Kinshasa était hier une ville morte. Sans que l'on puisse dire si les Kinois étaient restés chez eux pour protester contre la mise à l'écart d'Etienne Tshisekedi ou par peur des débordements et de la répression.
L'opposition proche d'Etienne Tshisekedi, nommé Premier ministre par Mobutu avant d'être limogé et remplacé mercredi dernier par le général Likulia Bolongo, a annoncé qu'elle «belgradiserait» la capitale zaïroise. Mais l'atmosphère dans cette ville de 5 millions d'habitants est irréelle, lugubre. Après la journée ville morte, les partisans d'Etienne Tshisekedi tenteront aujourd'hui d'organiser une «marche motorisée», un défilé de voitures et de mobylettes. Son succès est incertain. Les Kinois vivent au jour le jour. Une journée sans travail, c'est une journée sans manger. Et l'état d'urgence, décrété il y a une semaine par le chef de l'Etat zaïrois, fait peser une lourde menace sur les lendemains. Hier, au terme d'un Conseil des ministres qui a duré cinq heures, le porte-parole du gouvernement a annoncé qu