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Libération

La vogue des francs-maçons noirs à Cuba . Le pouvoir tente de normaliser ses relations avec l'influente secte Abakua.

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publié le 16 avril 1997 à 0h52

La Havane correspondance

L'annonce de la visite du pape Jean Paul II à Cuba, prévue pour janvier 1998, a inauguré une ère nouvelle de dialogue entre le gouvernement et les communautés religieuses de l'île, même marginales. La présence au 160e anniversaire de la création de la secte Abakua, d'Esteban Lazo, membre du bureau politique et premier secrétaire du Parti à La Havane, et de Caridad Hernandez, responsable des affaires religieuses du Parti, est une grande première à Cuba. Jamais depuis sa création en 1836, cette société secrète, dont les structures s'apparentent à la fois au Vaudou haïtien et à la franc-maçonnerie, n'avait été reconnue par un gouvernement cubain. Union sacrée. De fait, le IVe Congrès du Parti communiste, qui avait proclamé «la liberté des cultes» en 1991, n'avait pas légalisé la secte, perpétuant sa réputation de délinquance et de violence. Pourtant, chaque mois, des centaines de jeunes, en majorité noirs, intègrent une des 130 loges de La Havane ou des villes portuaires de Regla ou de Matanzas. Il n'est donc pas étonnant que les autorités essaient de normaliser leurs relations avec cette société, aussi rigoureusement organisée qu'impénétrable. Fondée sur un principe inviolable d'union sacrée entre ses membres, la secte n'a jamais cessé d'inquiéter le pouvoir, naturellement allergique à tout regroupement pouvant représenter une force d'opposition.

Les Abakuas, qui se définissent eux-mêmes comme «les francs-maçons noirs», se considèrent comme les descenda