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Libération

Burundi: les Hutus regroupés de force. L'armée «ramasse» les civils et les envoie dans des camps de fortune.

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publié le 17 avril 1997 à 0h47

Comment faut-il les appeler? Officiellement, il s'agit de «zones de

regroupement et de protection» et, ailleurs dans le monde lorsqu'il s'est agi de priver des mouvements de guérilla de leur soutien populaire, on a parlé de «hameaux stratégiques» ou de politique de «villagéisation». Au Burundi, du temps de la dictature du colonel Jean-Baptiste Bagaza, renversé en septembre 1987 par le major Pierre Buyoya, il était question de «politique d'autodéfense civile». Aujourd'hui, alors que le major Buyoya a repris le pouvoir par un putsch en juillet dernier, après trois années ensanglantées de démocratisation, l'opposition burundaise et plusieurs organisations humanitaires dénoncent des «camps de concentration». Mais, dans l'autre pays des Hutus et des Tutsis, de la même composition ethnique ­ avec une majorité hutue de 85% ­ que le Rwanda et également meurtri d'actes génocidaires, le terme le plus approprié, et le moins chargé d'émotions, est celui de «camps de regroupement forcé».

Pas d'infrastructures. Depuis un an et, d'une façon accélérée et amplifiée, depuis décembre, les autorités burundaises vident les collines de leurs habitants hutus et «regroupent» ceux-ci dans des camps de fortune, sans infrastructures. De tels camps existent désormais dans sept des quinze provinces du pays et abritent presque un demi-million de personnes, 475 000 selon le recensement approximatif d'une ONG. La taille des camps varie entre 1 500 et plus de 20 000 «déplacés». Ces derniers, cependant, ne se