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Libération

La marche des sans-terre brésiliens. 2 000 paysans et des milliers de sympathisants occupaient hier les rues de Brasilia.

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publié le 18 avril 1997 à 0h46

Brasilia correspondance

Il y a un an, le 17 avril 1996, à Eldorado dos Carajas, dans une région reculée du nord du Brésil, des hommes de main abattaient dix-neuf paysans «sans terre» qui participaient à une tentative d'invasion d'une fazenda (grande propriété). Hier, trois cortèges de centaines d'autres«sans-terre» ont investi la capitale, Brasilia, au terme de deux mois d'une marche à travers le pays. Ils réclament la justice pour leurs compagnons assassinés et le droit à un lopin pour 4 millions de paysans démunis. Des milliers d'autres manifestants étaient attendus à leurs côtés ­ paysans pauvres, chômeurs, militants politiques ­ à l'appel des syndicats, du monde associatif, des partis de gauche et des catholiques adeptes de la théologie de la «libération». La marche s'annonce comme la plus forte mobilisation populaire depuis l'entrée en fonction du président Fernando Henrique Cardoso en 1995, et elle confirme le rôle croissant du Mouvement des sans-terre (MST) comme pôle d'attraction d'une opposition en panne d'imagination. «Donner une terre à près de 4 millions de paysans reste l'objectif immédiat. Mais notre ambition finale est de former une société plus juste», explique Joao Stedile, un des leaders du MST.

Giacometi, le modèle des sans-terre. Un groupe de marcheurs est venu de Giacometi, dans l'Etat du Parana, une ville sans nom, sans passé, perdue au milieu des champs. Une cité de bois et de bâches surgie en une nuit quand 10 000 paysans sans terre forcèrent les clôtur