Pour Laurent-Désiré Kabila, la rançon du succès est inattendue.
Alors que rien ne s'oppose plus à la marche triomphale de ses combattants sur Kinshasa, le leader de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) est sommé de se rendre à la table des négociations, probablement en Afrique du Sud, pour un face-à-face avec le maréchal Mobutu. Simple détour? Rien qu'une formalité pour la passation du pouvoir, la reddition du dictateur? Le chef rebelle l'espère, mais ce n'est pas sûr. Il subit des pressions internationales et, en premier lieu, celles des Nations unies et de l'Afrique du Sud. Ne pouvant pas refuser l'«invitation» de Nelson Mandela, rebelle charismatique s'il en est mais aussi Président légitimé par la réconciliation nationale inespérée en Afrique du Sud, Laurent Kabila risque d'apprendre à ses dépens que la conquête du pouvoir par les armes, possible il y a trente ans lorsqu'il prit le maquis, ne suffit pas aujourd'hui à établir un régime reconnu. S'il fallait encore une preuve de la globalisation, de l'intégration croissante y compris du continent africain qu'on disait «déclassé», l'exigence internationale d'une transition dans l'ordre et de la tenue d'élections au Zaïre en tiendrait lieu.
Offre d'exil. Le départ du maréchal-président Mobutu est acquis. En se rendant le 21 mars à Kinshasa, le vice-président sud-africain Thabo Mbeki était non seulement porteur d'une lettre de Madeleine Albright, qui traçait les grandes lignes d'une p