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Libération

93 villageois massacrés au sud d'Alger. Assassinat collectif sans précédent en cinq ans de guerre civile.

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publié le 23 avril 1997 à 0h30

L'horreur a une nouvelle fois frappé hier la population civile

algérienne, dans des proportions jamais atteintes jusqu'ici. Le village d'Haouch Boufghi el-Khemisti, situé dans la plaine de la Mitidja, à 25 km au sud d'Alger, a été le théâtre, dans la nuit de lundi à mardi, du plus important massacre collectif qu'ait connu l'Algérie en cinq ans de violence, avec un bilan hallucinant, selon Alger: 93 morts, dont la moitié de femmes, de jeunes filles et d'enfants, tués dans des conditions atroces, notamment à l'aide d'«outils agricoles», laissant présager, une fois de plus, que les victimes ont été égorgées et mutilées. D'autres sources ­ des habitants des villages environnants ­ faisaient état d'un bilan encore plus lourd, variant de 100 à 113 morts. Le massacre, attribué par les autorités à un groupe islamiste armé, intervient à six semaines des élections législatives.

Atmosphère pesante. De nombreux militaires, des gendarmes et des membres des gardes communales étaient déployés dans cette région de cultures et d'orangeraies, hier en milieu d'après-midi, et avaient dressé des barrages, empêchant toute confirmation indépendante. Une équipe de l'AFP a ainsi été forcée par les forces de sécurité de faire demi-tour à environ trois kilomètres du lieu du massacre, où régnait une atmosphère très pesante. «Tous ceux qui ne sont pas morts ont fui. Il n'y avait que des pauvres là bas», a raconté un habitant. «Les enterrements sont en cours.» Le gouvernement a immédiatement attribué cett