L'heure de vérité approche. Tandis que Laurent-Désiré Kabila et le
président Mobutu se livrent, par communiqués interposés, à des joutes verbales qui repoussent chaque jour un peu plus l'espoir d'un règlement rapide du conflit zaïrois, le chef rebelle expérimente les premières affres du pouvoir. La victoire militaire a été facile: les hommes de Kabila ont conquis, pratiquement sans combattre, plus de la moitié du Zaïre. Le contrôle des régions occupées se révèle plus délicat.
Malgré les appels pressants des organisations humanitaires, les autorités locales installées par la rébellion tardent à donner le feu vert à un pont aérien qui permettrait de rapatrier au Rwanda plus de 90 000 réfugiés hutus, piégés dans la région de Kisangani. Depuis lundi, la situation est explosive. Des Zaïrois ont attaqué un train chargé de vivres destinés aux réfugiés et ont pillé des entrepôts à Kasese, à 25 km au sud de Kisangani. Mardi, des villageois armés de machettes se sont attaqués à deux camps de la région. Ces pillages et ces agressions auraient été déclenchés par le meurtre de six Zaïrois. Ils sont surtout le signe que la population, épuisée par plusieurs mois de guerre, ne supporte plus la présence des réfugiés. Ces derniers, qui ont servi d'otages tout au long de l'avancée des rebelles, pourraient devenir prétexte à des troubles qui ne serviraient pas forcément la cause de l'Alliance, le mouvement de Kabila.
Les rebelles ont en effet jusqu'ici joué la carte de l'ordre, installant leur pro