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Analyse

La victoire à l’arraché du Président-samouraï

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Le jusqu’au-boutisme de Fujimori pourrait faire remonter sa cote de popularité.
publié le 24 avril 1997 à 0h27

«El Chino» l’a donc emporté, à sa manière faite de courage et de sang-froid, de ténacité et d’audace. D’humanité, beaucoup moins » Il faut avoir vu le chef de l’Etat péruvien, mardi soir, gilet pare-balles sur chemisette blanche, lire en pleine rue son communiqué de victoire, quelques heures après avoir personnellement ordonné l’assaut, pour comprendre à quel point les guérilleros du MRTA ont méjugé le caractère du Président-samouraï. Car Alberto Fujimori plie rarement, ne rompt jamais.

Outsider pittoresque. L’ascension de ce descendant d’immigré japonais, âgé de 59 ans, est un cas d’école en Amérique du Sud. Lorsqu’il se présente à l’élection présidentielle de 1990, il fait figure d’outsider pittoresque. Recteur de la faculté d’agronomie de Lima, plutôt considéré à gauche par les intellectuels, inconnu dans les milieux populaires, quelles chances a-t-il contre les candidats des partis traditionnels? Mais le Pérou, en pleine crise économique et traumatisé par le terrorisme, s’écarte de la tradition. Au second tour, deux «hommes nouveaux» restent en lice, l’écrivain Mario Vargas-Llosa, apôtre du libéralisme extrême, face à Fujimori, qui s’érige en défenseur des pauvres, pour gagner grâce à l’appoint des voix de gauche.

Ancien député «marxiste», Ricardo Letts se souvient: «Pendant l'interrègne, nous nous sommes réunis deux fois avec lui pour parler du programme de gouvernement et de la composition du cabinet. Puis il est allé aux Etats-Unis. A son retour, tout à changé.»