Dans le grand salon de l'ambassade, Nestor Cerpa et ses camarades
jouent au fulbito, un genre de mini-football. Dans une chambre au premier étage, Luis Chang Ching, un parlementaire péruvien, dispute une partie d'échecs contre un prêtre jésuite, Juan Julio Wicht. Il est un peu plus de 15 heures à Lima. Les otages et leurs ravisseurs occupent comme ils le peuvent leur 127e après-midi. Ils ne sont plus que 72, retenus par une quinzaine de militants du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA), derniers «invités» d'un cocktail mondain qui a mal tourné. Le 17 décembre, ils étaient plus de 500 à se presser autour des petits-fours offerts par Morihisa Aoki, l'ambassadeur du Japon au Pérou. Nestor Cerpa, alias «Commandante Evaristo», le chef du commando, n'a retenu que les plus «négociables» des otages, ou ceux qui, comme Wicht, ont souhaité rester. Parmi les 19 Japonais se trouvent, bien sûr, l'ambassadeur et le consul, mais aussi quatre dirigeants de grandes firmes japonaises. Du côté des Péruviens, il y a du beau monde: l'un des frères du Président, Pedro Fujimori, le ministre des Affaires étrangères et celui de l'Agriculture, deux vice-ministres, un vice-amiral et sept généraux, parmi lesquels les principaux chefs des services de renseignement et de lutte contre le terrorisme. Tout ce petit monde a appris à cohabiter et peut-être même à se comprendre.
Même si Nestor Cerpa a été un temps tenté par la guérilla maoïste, Tupac Amaru, du nom d'un chef indien qui s'est soulevé contr