Le camp de Kasese est désert. Il y a une semaine, il abritait encore
quelque 55000 hutus rwandais. Enfin autorisés par les rebelles à se rendre auprès des réfugiés qui s'étaient regroupés à 25 km au sud de Kisangani, une mission humanitaire composée de représentants du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), de responsables de l'Alliance rebelle zaïroise et d'une délégation du gouvernement rwandais n'a pu que constater qu'ils avaient, une nouvelle fois, fui plus loin dans la forêt.
Le cauchemar continue. Ces réfugiés, qui ont quitté en octobre les camps de la région de Bukavu, à la frontière rwandaise, devant l'avancée de la rébellion, errent depuis d'un camp de fortune à l'autre. La semaine dernière, début d'espoir: les enfants sans famille devaient être les premiers à être évacués sur Goma, puis le Rwanda, par un pont aérien dont les forces de Laurent-Désiré Kabila avaient accepté le principe. L'UNICEF en avait déjà recensé près de 4 000, recueillis par les réfugiés eux-mêmes ou des Zaïrois de la région, ainsi que 700 enfants totalement abandonnés. Une centaine d'entre eux étaient à bout de forces. Au sud de Kisangani, sous les abris où 80 000 réfugiés hutus se sont arrêtés après une marche de plus de 500Km, une soixantaine de personnes meurent chaque jour de faim et de maladie. Le 18 avril, selon l'UNICEF, 326 réfugiés au moins avaient contracté le choléra, et 25 en étaient morts. Les autorités locales rebelles ont invoqué les risques d'épidémie pour annuler, vendredi dernier