Le monde entier en veut à Laurent-Désiré Kabila, pour qui la
«disparition» de quelque 85000 réfugiés hutus de deux camps à proximité de Kisangani n'est qu'un «petit problème». Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, l'accuse de vouloir «exterminer en affamant», un porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) n'estime pas exagéré de parler de «solution finale» et Médecins sans frontières (MSF) dénonce «une politique de liquidation». Il est vrai que, mardi dernier, les combattants de Laurent-Désiré Kabila ont attaqué ces camps, tuant ou chassant plus loin dans la forêt équatoriale les 85000 Hutus, des rescapés déjà à bout de forces après six mois d'errance et de persécutions. Où sont-ils à présent?
Camps vides. On ne le sait pas parce que l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) empêche les organisations humanitaires et les journalistes de se rendre sur place. Ceux qui, il y a quelques jours, ont pu brièvement se poser dans l'un des deux camps l'ont trouvé dévasté, les centres de soins vides, les installations par exemple les réservoirs d'eau potable soigneusement démontées. Ils ont dû redécoller rapidement, en raison de «rafales nourries» aux abords du camp. Quel a été le sort des réfugiés? L'un des responsables de l'AFDL, Raphaël Ngenda, traite de «chacals et vautours» les journalistes qui s'en préoccupent encore.
Silence de l'ONU. Mais le monde entier a tort d'en vouloir à Laurent-Désiré Kabila. Lorsque, fin octobre dernier, s