Pour spectaculaire qu'il soit, le sommet naval dans le golfe de
Guinée ne changera rien au casting final: dans le rôle des vainqueurs de la crise zaïroise, le chef rebelle Laurent-Désiré Kabila et les Etats-Unis. Tous deux y verront consacré, le premier, le succès de sa Blitzkrieg lancée en octobre dernier, les seconds, leur triomphe dans la «guerre de succession» au Zaïre, qui les oppose à la France; pour les raisons exactement inverses, le maréchal-président Mobutu et ses soutiens à Paris se trouvent dans le camp des perdants; enfin, au nom de la communauté internationale, Nelson Mandela et le représentant spécial des Nations unies, l'Algérien Mohamed Sahnoun, tenteront de sauver les apparences d'une «transition» imposée par la force des armes. L'objectif immédiat à bord du SAS Outeniqua sera d'éviter, lors de la prise imminente de Kinshasa, un bain de sang.
Aux portes de Kinshasa. La victoire de Laurent-Désiré Kabila et de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) est totale. Hier, les rebelles sont parvenus jusqu'à environ 200 km à l'est de la capitale, qu'ils peuvent aisément atteindre dès ce week-end, sans risque de rencontrer la moindre résistance. Les forces de l'AFDL ont également pris Lisala, la ville natale de Mobutu, située sur le fleuve Zaïre à un millier de kilomètres au nord de Kinshasa. Pas seulement un symbole, Lisala est aussi le verrou stratégique de l'Equateur, la province d'où sont originaires les principaux dignitaires d