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Libération

L'hôpital roumain des horreurs. Les bébés morts non réclamés finissaient dans le formol.

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publié le 7 mai 1997 à 3h15

Bucarest, correspondance.

Les cadavres de quarante-sept nourrissons âgés de 1 à 3 ans ont été découverts, jeudi, dans une fosse remplie de formol d'un mètre et demi de profondeur, creusée dans la cour de l'hôpital de pédiatrie de Cluj (en Transylvanie, au nord-ouest du pays). Ils étaient «conservés»de cette façon depuis plusieurs mois.

Il ne s'agit pas d'une variante transylvaine de Barbe-Bleue mais d'un absurde héritage du communisme bureaucratique poussé jusqu'à l'horreur. Ces enfants avaient été hospitalisés pour diverses maladies et «oubliés» par leurs parents jusqu'à leur décès. Faute de papiers et sans l'accord des géniteurs, leurs cadavres ne pouvaient pas être enterrés. Des funérailles, même modestes, coûtent l'équivalent d'un salaire mensuel moyen.

«L'hôpital n'a pas les moyens pour le faire», souligne le directeur de l'établissement, le Dr Ioan Figan. «Notre département, ajoute le Dr Petre Florescu, responsable du laboratoire de pathologie, n'a pas de chambre froide pour garder les corps en attendant que les proches viennent les chercher. Nous avons donc inventé cette fosse, qui fonctionne depuis 1974.» Les autorités de l'hôpital semblent sérieusement embarrassées par le retentissement de cette affaire, où le cynisme le dispute à l'incompétence sur fond de délabrement des services de santé publique. Les images horribles de la morgue improvisée de Cluj, diffusées par toutes les chaînes de télévision, ont scandalisé une opinion roumaine en majorité croyante et attach