Genève de notre correspondant
Depuis des mois, l'affaire des fonds juifs est le cauchemar du gouvernement suisse. La publication, mercredi, du rapport Eizenstat par le gouvernement américain (lire ci-dessous) le place de nouveau sur la défensive. Flavio Cotti, le ministre des Affaires étrangères, l'a reconnu sans détour: s'il se confirmait, comme le déclare le rapport américain, qu'une partie de l'or des victimes des camps de la mort a bel et bien fini dans les coffres de la Banque nationale suisse, il s'agirait «d'éléments nouveaux extrêmement choquants».
Pressions. La hantise du gouvernement suisse est maintenant de devoir renégocier l'accord de Washington de 1946. Moyennant 250 millions de dollars versés aux alliés pour «solde de tout compte», la Suisse avait cru payer son ticket d'entrée dans le système économique de l'après-guerre mondiale, et s'être ainsi acquittée de sa dette de sang. Désormais, rien n'est moins sûr. Les révélations du rapport Eizenstat et les exigences d'Alfonso D'Amato, président de la Commission des Banques du Sénat américain, de renégocier l'accord de Washington constituent de lourdes pressions sur les autorités suisses.
Pour l'heure, le gouvernement helvétique a opposé un refus catégorique. Mais sa position est fragile. En appuyant la création d'un fond privé pour les survivants et les descendants de la Shoah, puis en lançant l'idée d'une fondation de solidarité, le Conseil fédéral a épuisé ses principaux atouts sur la scène médiatique. Des atouts