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Libération

Xinjiang: les Han et les autres. Après les attentats de février, le calme semble revenu dans la province chinoise. Mais l'exclusion des minorités est de plus en plus mal vécue par les Ouïghours .

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publié le 13 mai 1997 à 2h56

Xinjiang, envoyée spéciale.

A quel prix se fera le développement économique du Xinjiang? Abdel, le marchand de tissu du bazar de Turfan, se penche sur son comptoir pour vérifier qu'aucune oreille indiscrète ne traîne, et résume la situation d'un geste explicite. «Tout le monde vous dira que les choses se passent bien», explique cet homme au faciès européen, qui parle plus couramment turc que chinois. «Mais, dans le fond, ajoute-t-il, les Ouïghours sont très mécontents. Les Han sont de plus en plus nombreux. Ils prennent tous les bons emplois. Les problèmes sont inévitables»...

A l'extérieur, dans la ruelle défoncée, deux gamins jouent au cerceau. L'un est blond, l'autre rouquin. Le quartier est animé par la clameur confuse du bazar, qui résonne dans le grand marché couvert. Un vieil homme à la longue barbe blanche, portant un turban immaculé, vend des épices. Des bouchers découpent des quartiers de mouton, face aux étals de galettes de pain. Du minaret de la mosquée voisine retentit l'appel à la prière du muezzin...

Pas de mélanges. C'est l'Orient, et c'est aussi la Chine. Oasis déconcertantes, aux limites des sables rouges d'Asie centrale. A Turfan, les lourds camions verts des compagnies de transport chinoises croisent des carrioles tirées par des ânes, conduites par des enfants à la peau blanche et aux yeux clairs. De l'autre côté de la montagne où les Chinois creusent une autoroute, les gardiens de moutons ouïghours regardent tomber la neige fondue. De son bureau d'Urumqi,