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Libération

Zaïre: l'incroyable odyssée des réfugiés. Fuyant Tingi-Tingi, des milliers de Hutus ont marché jusqu'au Congo.

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publié le 13 mai 1997 à 2h57

Kinshasa envoyé spécial

Il y a deux semaines, ces réfugiés-là ont surgi de la forêt. Là où personne ne les attendait, sur l'équateur, dans la région de Boende, au nord-ouest du Zaïre. Par dizaines de milliers, au cours d'un périple qui ouvre un nouveau chapitre de l'invraisemblable odyssée des fugitifs hutus. D'abord, des milliers d'hommes, de jeunes, puis des femmes et des enfants; derrière eux, les plus malades ou les plus vieux ne sont pas encore sortis, ou ne sortiront plus, abandonnés en chemin. Environ 27000 marcheurs ont déjà dépassé la bourgade d'Ingende par la piste de Djoa. Plus de 12000 personnes ont déjà atteint Wendji, en périphérie de Mbandaka, ville du nord-est du Zaïre. Au moins autant sont repérés, derrière eux, dans la savane. Peut-être deux ou trois fois plus traînent encore dans l'épaisseur végétale tropicale. Nul ne sait.

Encadrement militaire. Ces réfugiés, comme leurs compatriotes à Kisangani, viennent des camps autour de Tingi-Tingi. Un délégué de la Croix-Rouge internationale, de retour de Mbandaka, explique: «Lorsque les rebelles ont attaqué le camp, ces réfugiés sont partis en colonnes, droit devant eux. Au contraire de ceux de Kisangani, ils ne se sont jamais arrêtés.» Plus de cent mille au départ. Des femmes (25%), des enfants (15%), des hommes, parmi lesquels des militaires des Forces armées rwandaises, en armes, et soupçonnés du génocide de 1994 (5%): statistiques approximatives proposées par le CICR et des associations humanitaires. Dans la bro