Istanbul de notre correspondant
Le bras de fer entre l'aile islamiste de la coalition gouvernementale et l'armée turque, chef de file du front laïc, se durcit, dans les mots comme dans la rue. Plus de 100 000 personnes ont défilé dimanche à Istanbul à l'appel des islamistes pour défendre les lycées religieux (les «imam hatip») directement menacés par la réforme de l'enseignement imposée par les militaires. Le Conseil national de sécurité (CNS), dominé par les militaires, avait publié le 28 février une liste de dix-huit mesures urgentes que devait mettre en oeuvre le gouvernement formé par le Refah (Parti de la prospérité, islamiste, dirigé par le Premier ministre, le professeur Erbakan) et le Parti de la juste voie (PJV, droite conservatrice, dirigé par la vice-Première ministre Mme Tansu Ciller) pour bloquer la montée de l'islamisme dans la société. L'une des plus importantes était la prolongation jusqu'à l'âge de 14 ans de l'enseignement primaire obligatoire. Par cette réforme de la scolarité, les militaires veulent supprimer ces établissements religieux prévus à l'origine pour former imams et muezzins dont le nombre actuel dépasse largement les besoins des mosquées turques. Selon les militaires, «les imam hatip sont les écoles du parti des islamistes».
Dimanche, à Istanbul, le Refah avait mobilisé le ban et l'arrière-ban de ses militants: des hommes barbus avec des bérets musulmans verts et des femmes en tchador qui défilaient séparément. Le cortège s'est rapidement transf