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Libération

Shanghai: la renaissance après un grand sommeil. L'ancienne capitale phare des années folles est devenue un immense chantier.

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publié le 19 mai 1997 à 2h29

Shanghai envoyée spéciale

Ici, l'espace et le temps sont concentrés. Les modifications que les cités européennes ont connues entre l'après-guerre et les années 80, Shanghai est en train de les vivre à la vitesse de la lumière. Ce n'est pas une rénovation, qui est en cours dans cette ville de 15 millions d'habitants, mais une métamorphose. Après plus de quarante ans d'immobilisme absolu, l'ancienne capitale mythique des années folles, qui fit rêver au même titre que Berlin, New York ou Paris, est en train de s'ébrouer de ses cendres.

Gratte-ciel et grues. De la terrasse de l'Hôtel de la Paix, qui domine le «Bund», la fameuse promenade de Shanghai, au bord du fleuve Huang-Po, le spectacle est fascinant. Voilà moins de cinq ans, il y avait, de l'autre côté du fleuve, une presqu'île marécageuse ­ Pudong. On l'atteignait en ferry. Les Shanghaïens affectionnaient cette promenade. On enfourchait les vélos au sortir du bateau et déambulait dans les villages de pécheurs pour croquer quelques crevettes. Aujourd'hui, de la même terrasse, on contemple une ville. Semblant atterrie d'une autre galaxie, la tour de télévision domine la scène. Derrière, on aperçoit des gratte-ciel, des grues, d'autres tours en construction. Un magnifique pont suspendu évoquant celui de San Francisco relie les deux rives. Un tunnel est en construction. Shanghai entière est devenue un vaste chantier. Pas une rue n'est épargnée.

Il est minuit sur le Bund. Des gamins aux vêtements mille fois rapiécés s'agrippent au