A la suite d'un Conseil des ministres restreint qui s'est tenu hier
matin à l'Elysée, la France a demandé à son ambassadeur en poste à Kinshasa, Michel Rougagnou, de «prendre contact avec les nouvelles autorités de la République démocratique du Congo, au plus haut niveau» pour leur demander de «se conformer aux règles de la démocratie et d'organiser très rapidement des élections libres, observées par la communauté internationale». Dès hier soir, l'ambassadeur demandait audience à Laurent Kabila. Ce message, qui vaut de facto reconnaissance du nouveau régime, s'est accompagné d'une déclaration du chef du gouvernement français au sujet des réfugiés hutus dans l'est du Zaïre. «Quelles que soient les considérations de grande politique qui sont faites ici ou là, l'honneur de la France aura été d'être l'un des très rares pays au monde à dénoncer, depuis le début, le désastre humanitaire qui s'est produit dans l'est du Zaïre et à appeler la communauté internationale, hélas! en vain jusqu'à aujourd'hui, à se mobiliser», a estimé Alain Juppé au lendemain de la publication d'un rapport de Médecins sans frontières (MSF) évaluant à 190000 le nombre des Hutus portés disparus (lire Libération du 20 mai) et accusant l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, le mouvement de Kabila, d'une «stratégie délibérée visant l'élimination de tous les réfugiés rwandais restants, y compris des femmes et des enfants». Alain Juppé a ajouté: «Malheureusement, des considérations que