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Libération

Foire d'empoigne à Kinshasa pour séduire le nouveau pouvoir. On se bouscule au QG de Kabila pour tenter d'obtenir un poste.

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publié le 23 mai 1997 à 2h14

Kinshasa envoyé spécial

Ils brandissent des feuilles de papier griffonnées, des cartes de visite, supplient qu'on leur accorde audience. Un interprète propose ses services à l'AFDL. Le représentant d'une association a listé tout ce que les «libérateurs» doivent entreprendre pour développer le pays. D'autres briguent des postes ministériels. La rue qui borde l'Intercontinental, dont les entrées sont barrées pour éviter que le tout Kinshasa ne prenne d'assaut l'hôtel où sont logés les responsables de l'Alliance, est devenu l'antichambre du pouvoir. On s'y bouscule, toute honte bue. «Ce ne sont que des mobutistes qui cherchent à se recycler, grommelle un "simple chômeur. Qu'on nous demande, on les démasquera.» Secrétaire bénévole. Devant la barrière, Simone prend patiemment les messages. Ancienne hôtesse d'accueil au ministère de l'Energie, Simone est aujourd'hui secrétaire bénévole du nouveau régime. Le casino de l'hôtel a été transformé en bureau. D'autres requérants foulent la moquette imitation panthère avant de s'arrêter à une table de poker, pour l'heure, bureau «justice et sécurité». Bahati, ancien directeur au ministère de l'Intérieur, est en train d'auditionner un ex-inspecteur judiciaire. Il est venu informer le nouveau pouvoir d'une cache d'armes. Et plus, si affinité. Dans la semi-obscurité du casino, Bahati enregistre chaque jour une soixantaine de dénonciations et de plaintes, avant de les transmettre aux nouvelles autorités.

Le hall de l'hôtel est réservé aux ren