Kinshasa envoyée spéciale
Un nouvel ordre s'installe à Kinshasa. Karaha Bizima, le ministre des Affaires étrangères, l'a résumé vendredi soir d'une phrase cinglante: «la liberté, oui, la révolution d'abord». Pour le moment, cet ordre se manifeste surtout par son aspect policier. Le général en bottes rouges, en charge de la sécurité de Kinshasa, a certes fort à faire dans cette capitale de plus de 5 millions d'habitants. Les caches d'armes des partisans de l'ancien régime sont nombreuses, et des citoyens congolais profitent de la transition pour régler des comptes purement zaïrois. Autre souci, les jeunes militaires de l'Alliance se livrent parfois à ce que Gaetan Kakudji considère comme des «dérapages», petits pillages et exactions diverses. Certains ont par exemple fait une fixation sur les mini-jupes et les tenues collantes des jeunes Kinoises. Des filles ont été menacées, voire déshabillées, leurs habits brûlés. «Dans une semaine, ils retourneront dans leur caserne», promet-on à l'AFDL. Pour l'heure, on les trouve à l'hôtel Intercontinental où résident les responsables du nouveau régime, dévorant d'enormes petit-déjeuner, le doigt sur la gâchette. La foule qui se presse dans le hall de l'hôtel est de plus en plus hétéroclite. Les nouveaux ministres forment leur cabinet et chacun cherche à se placer. Les bons avocats d'affaires sont très recherchés. Ils en auront beaucoup à traiter, et de toute nature. Selon des sources diplomatiques, l'OUA aurait déjà déposé une plainte