Caracas de notre correspondant
Ce 17 avril, comme tous les jeudis, Justo Pastor Perafan franchit la porte du salon de coiffure Wilcar, situé dans le centre de San Cristobal, la ville vénézuélienne frontalière avec la Colombie. Comme chaque fois, il a distribué aux shampooineuses et aux manucures de somptueux pourboires des billets de 5 000 bolivars. A peine assis dans sa Toyota Corolla flambant neuve, il s'apprête à mettre le contact, quand une dizaine d'hommes cagoulés des militaires de la Guardia nacionale appartenant au groupe spécialisé dans la lutte contre les extorsions de fonds et les enlèvements le mettent en joue. «Ne me tuez pas, je suis père de famille!», lance Justo Perafan qui n'a sans doute pas le temps d'apercevoir dans l'ombre du parking trois silhouettes en civil deux agents de la DEA, les services antinarcos nord-américains de l'antenne de l'ambassade américaine de Caracas, et un policier français de l'Octris, détaché en Amérique latine, lesquels avaient localisé et mis sur écoute le trafiquant. Quelques minutes après, Justo Perafan est transféré en avion militaire à Caracas et incarcéré dans les locaux de la DIM, les services secrets vénézuéliens. Vendredi soir, le dernier grand baron de la drogue colombien a été extradé vers les Etats-Unis, sur décision de la Cour suprême vénézuélienne. Colossale fortune. Après l'éclatement du cartel de Medellin, la mort de Pablo Escobar et l'arrestation des chefs du cartel de Cali, Perafan, le chef du cartel de Bogo