Enfin un événement positif pour Jacques Chirac: c'est en effet à
Paris qu'Américains et Russes ont accepté d'enterrer solennellement la hache de la guerre froide en y signant aujourd'hui, de conserve avec les chefs de gouvernement des pays membres de l'Alliance atlantique, l'Acte fondateur qui établit de nouvelles relations de coopération entre Moscou et l'Otan. «Cet accord va effacer Yalta», a déclaré il y a quelques jours le président de la République. Il aurait plutôt dû affirmer, pour respecter l'histoire, qu'il va prolonger Yalta, du nom de cette station balnéaire de la mer Noire où Staline, Churchill et Roosevelt s'entendirent, en février 1945, pour «établir par des élections libres des gouvernements correspondant à la volonté des peuples» dans l'Europe centrale et orientale dévastée par la guerre. C'est en violant les accords de Yalta, en effet, que Staline a fait main basse, plus tard, sur une moitié du continent.
Mais il est inutile de le rappeler aux hommes politiques français qui s'en tiennent à la légende de «Yalta, partage de l'Europe». Même François Mitterrand, pourtant féru d'histoire, se prêtait au jeu et parlait volontiers de «sortir de Yalta». Sans doute parce que Roosevelt n'avait pas voulu de De Gaulle sur les bords de la mer Noire" La négociation des accords de seize pages qui vont être signés aujourd'hui à l'Elysée a été particulièrement laborieuse. Même si l'Otan n'a pas été créé, en 1949, que pour se donner les moyens de «contenir» l'Union soviétique