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Libération

Drôle de campagne électorale en Algérie . La population est plus préoccupée par les difficultés du quotidien que par les législatives.

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publié le 28 mai 1997 à 1h57

Alger envoyés spéciaux

Dans son bureau, au premier étage de l'administration communale chargée d'organiser les prochaines élections législatives, Saïd Rebah se cale dans son fauteuil et consulte une fois encore ses papiers. Non, vraiment, aucun meeting du RCD, un des principaux partis d'opposition, n'est prévu ce jour à Bir Khadem, petite municipalité en banlieue d'Alger. Sa phrase est à peine finie que, par la fenêtre ouverte, on entend un bruit de freins. Les portières de deux voitures bleu marine claquent, et Saïd Saadi, leader dudit RCD, se précipite dans le café de la place, juste en face de l'hôtel de ville. Poignée de main aux clients. Un jeune homme en chemise blanche impeccable l'entreprend immédiatement. «Je n'ai pas de travail. Ma femme et mon fils habitent chez mes beaux-parents. Moi, je dors dans un garage où j'aide parfois le patron. Je serai franc avec vous, c'est un travail au noir.» «Courage», dit Saadi, que son état-major entraîne déjà vers le marché couvert. Halte chez un vendeur de T-shirts imitation Adidas, puis chez un boucher, un marchand de bananes, un autre boucher, un autre café, une quincaillerie. A chaque fois, son accompagnateur traduit, lapidaire: «C'est la noria des problèmes sociaux.» «Courage», répète Saadi. «Nous avions repéré les endroits auparavant, explique un militant. Nous n'allons que chez nos sympathisants culturels.» C'est-à-dire originaire de Kabylie, la région du candidat. Les deux voitures marine redémarrent. La visite à Bir Khad