Kinshasa envoyée spéciale
Les troupes de Laurent-Désiré Kabila sont entrées à Kinshasa, et le nouveau Président de la République démocratique du Congo ne s'est toujours pas adressé à la population qui lui a ouvert les portes de la capitale. Dans les bars, les conversations vont bon train. «C'est comme s'il n'était pas assuré. On ne sait pas qui décide. L'AFDL ou le Président?» Damien, sympathisant de l'UDPS, le principal parti d'opposition, manifestera ce matin, boulevard du 30-Juin, pour protester contre la mise à l'écart de son leader, Etienne Tshisekedi, et contre le nouveau gouvernement. «Nous avons conduit Mobutu à l'ambulance, Kabila l'a mené au cimetière. Cette lutte est à nous autant qu'à l'AFDL. Le pouvoir doit être partagé.» Son voisin de table s'en mêle: «Marcher, pourquoi? On a déjà marché, on a fait "ville morte, ça a abouti à quoi? Les autres sont venus avec des armes et ils ont gagné. Maintenant, il faut les laisser travailler. Regardez, c'est un début», dit-il en désignant le tableau où sont inscrits les prix des boissons. Il explique que la Primus «avait atteint 200 000 NZ, environ 2 dollars». La bouteille de bière est aujourd'hui à 120 000NZ, et il en conçoit de grands espoirs pour l'avenir de la nation. Les Kinois ont surtout peur d'affronter les soldats de l'Alliance, qui a interdit lundi toutes les activités des partis politiques. «Nous savons qu'ils ont la gâchette facile, disait hier l'un des dirigeants de la Jeunesse de l'UDPS. Mais nous ne sortons pa