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Jean Chrétien, souverain contre les souverainistes québécois. Farouche anti-indépendantiste, le Premier ministre fédéral sortant se présente, pour les législatives canadiennes du 2juin, dans un fief souverainiste québécois.

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publié le 29 mai 1997 à 1h54

Shawinigan, envoyé spécial.

Sur la carte du Canada au 1/3 000 000e, la circonscription de Saint-Maurice échappe presque à l'oeil nu. Cependant, impossible de résister à l'envie de la placer sous la loupe. D'autant que c'est là que le Premier ministre fédéral sortant, le libéral Jean Chrétien, devrait, le 2 juin, être réélu à l'occasion des législatives. Une énigme pour une population qui a voté à 56% en faveur de la souveraineté du Québec lors du référendum d'octobre 1995 et qui se fait représenter depuis plus de trente ans à Ottawa par l'un des plus farouches adversaires de l'émancipation de la province francophone du Canada.

Jean Chrétien, honni des «souverainistes», qui lui imputent notamment l'échec du dernier référendum et lui reprochent d'avoir contribué au fiasco de l'accord du lac Meech (qui devait permettre, en 1990, le retour du Québec dans le giron de la Confédération canadienne), réussit en effet l'exploit de se faire plébisciter en plein coeur de la province sécessionniste, à mi-chemin entre Québec et Montréal. Et cela, même lorsque le reste du Québec élit suffisamment de députés du Bloc québécois (favorables à la souveraineté) pour qu'ils forment, comme ce fut le cas en 1993, l'opposition officielle à la Chambre des communes à Ottawa.

Exode des jeunes. «Jean Chrétien, c'est un menteur, un hypocrite, un sale et un croche (tordu, ndlr)», s'emporte René Maurais, 71 ans, dont le ressentiment ne se nourrit pas d'une simple divergence de vues sur l'avenir du Québec ou d