Kinshasa envoyé spécial
Un libérateur fantôme, l'Afrique n'avait jamais imaginé ça. Des multiples curiosités de l'ère Kabila, que les Kinois découvrent peu à peu, la clandestinité, à Kinshasa, de l'Homme de Goma, intrigue le plus. La foule kinoise espérait célébrer l'épilogue d'une dictature trentenaire, et une conquête triomphale, avec parade sur le boulevard du 30-Juin et meeting au stade Kamanyola. En vain, le tombeur de Mobutu, débarqué de nuit dans la capitale il y a dix jours, emmené illico dans la résidence de la primature, ne s'est toujours pas montré en public. Lors de sa traversée de l'aéroport, des photographes avaient néanmoins eu le temps de reconnaître à ses côtés des militaires de la garde personnelle du général rwandais Paul Kagame.
Administration néophyte. Des Rwandais, on en retrouva le lendemain à l'embarcadère du bac de Brazzaville. Ils sont trois, assis sur des plots. Une cinquantaine d'étrangers se présentent pour traverser le fleuve, accomplissent les démarches bureaucratique d'une administration néophyte, sans succès. L'ambassadeur américain plaide pour l'équipe CNN. Les coups de téléphone cellulaire sonnent tous azimuts. Le ministre de l'Intérieur, Paul Kabongo, intervient en personne. Le numéro deux de l'Alliance, Déogracias Bugera, envoie son premier secrétaire. Les trois militaires, sans explications, interdisent pendant cinq jours l'accès au quai. Cinq jours pendant lesquels personne ne comprend où ils prennent ordre, et pendant lesquels on a le t