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Libération

L'unité du Canada se rejoue dans les urnes. Le débat sur l'unité du pays toujours latent.

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publié le 2 juin 1997 à 4h26

Montréal, de notre correspondant.

En élisant aujourd'hui leurs 301 députés à la Chambre des communes, les Canadiens vont révéler l'étendue et la nature des fractures politiques qui parcourent leur pays. Le Premier ministre fédéral sortant, le libéral Jean Chrétien, a eu beau justifier, en avril, le déclenchement des élections législatives par la nécessité d'obtenir la caution de la population pour la poursuite et l'éventuelle redéfinition de sa politique d'assainissement des finances publiques, la campagne électorale, qui s'est achevée hier, n'a pas échappé à l'éternel débat sur l'unité du pays.

Ce glissement vers des «élections référendaires» a été amorcé dès la fin avril par l'exégèse d'un ouvrage publié par l'ancien Premier ministre québécois, Jacques Parizeau, qui «révélait» que ce dernier aurait unilatéralement proclamé l'indépendance de la province francophone du Canada si le résultat du référendum d'octobre 1995 lui avait été favorable.

La polémique a ébranlé les rangs souverainistes. Elle a dopé le Parti conservateur de Jean Charest, qui a étendu son audience durant quelques semaines dans l'électorat québécois, pourtant majoritairement favorable au Bloc il y a trois ans et demi. Le Parti réformiste de Preston Manning en profitait pour inviter les Canadiens à exprimer leur lassitude d'être dirigés, depuis trente ans, par des politiciens ­ Pierre Elliott Trudeau, Brian Mulroney, Jean Chrétien ­ issus du Québec. Mais surtout, cette controverse a amené le libéral Jean Chrét