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Libération

Le Nigeria gendarme en Sierra Leone. Les Nigérians veulent rétablir le président chassé par un coup d'Etat.

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publié le 3 juin 1997 à 4h19

Le Nigeria, qui avec environ 2 000 hommes assure l'essentiel de la

force ouest-africaine d'intervention (Ecomog), est passé hier à l'offensive en canonnant, depuis ses bateaux, la capitale de la Sierra Leone, Freetown. Les tirs ont fait au moins quarante-neuf morts, selon l'hôpital militaire et la morgue de la ville. Dans la soirée, quelque 600 civils que les putschistes assiégeaient dans l'hôtel Mammy Yoko en flammes et protégés par des militaires nigérians, ont été évacués grâce à une intervention de la Croix-rouge. Une semaine après le coup d'Etat du commandant Johnny Paul Koroma, le Nigeria ne cache pas son intention de rétablir, y compris par la force, le président Ahmed Tejan Kabbah, en exil en Guinée. Le régime militaire nigérian, qui a l'ambition de jouer les «gendarmes» de la région, pourrait ainsi se vanter d'avoir rétabli un président démocratiquement élu. Kabbah avait remporté la présidentielle en 1996 après cinq ans d'une guerre civile qui a fait au moins 10 000 victimes, contraint la moitié de la population à l'exode et ruiné le pays.

Les bombardements d'hier sont une réponse de l'Ecomog à l'échec des négociations de ce week-end. Elles ont capoté quand les putschistes ont annoncé la formation du Conseil révolutionnaire des forces armées. Plusieurs dirigeants de la rébellion en armes y participent. Parmi eux, Foday Sankoh, chef du Front révolutionnaire uni (RUF), nommé vice-président aux côtés de Koroma, et actuellement en résidence surveillée au Nigeria pour «