Moustapha Benmansour, ministre de l'Intérieur, pouvait bien afficher une mine ravie, hier en proclamant les résultats des élections législatives. Un chiffre idéal du point de vue du pouvoir, «miracle politique dû à la maturité du peuple algérien», exulte un officiel. Et une répartition des sièges à l'Assemblée correspondant en tous points aux hypothèses les plus optimistes que livraient, en confidence, les cercles gouvernementaux dans les semaines précédant le scrutin. Extraordinaire prescience, en l'absence du moindre sondage. «Il ne pouvait en être autrement», assure le ministre qui salue «cette victoire de la volonté populaire», nouvelle étape de «l'édification de la démocratie et de l'Etat de droit», pas supplémentaire dans «ce processus de reconstruction nationale voulu par le président de la République». Un groupe de policiers rigolent: «C'est la victoire des mathématiciens. Nous avons les meilleurs du monde.»
Le Rassemblement national démocratique (RND), tout jeune parti d'obédience présidentielle, créé sur mesure pour l'occasion, remporte 155 sièges sur 380. Une majorité certes «relative», et qui lui donne, de fait, le contrôle du Parlement. D'abord parce qu'il devrait pouvoir compter sur l'appui des seize élus «indépendants» ou membres de petits partis de la mouvance gouvernementale. Ensuite, parce qu'il ne fait guère de doute qu'une alliance a été mitonnée avec le Front de libération nationale (FLN), l'ancien parti unique toujours très lié au pouvoir. Et quand bien